www.tsa-algerie.com |
Alors que le gouvernement multiplie subventions et hausses des salaires
L’économie nationale de nouveau menacée par une chute des prix du pétrole
Les prix du pétrole continuent de baisser sur les marchés financiers. Le baril de Brent de la Mer du Nord pour livraison en août s'échangeait à 104,09 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres hier, perdant 1,03 dollar par rapport à la clôture de vendredi. Dans les échanges électroniques du New York Mercantile Exchange, le baril de « light sweet crude » pour livraison en août, reculait de 53 cents à 90,63 dollars. Certains analystes prévoient même que ce dernier pourrait tomber à 76 dollars dans les prochains jours (voir le graphe).
Cette tendance baissière s'explique par la décision de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui rassemble de nombreux pays industrialisés – notamment les États‑Unis, le Japon et l'Allemagne –, de puiser dans ses réserves stratégiques de pétrole. Mais aussi par la crise économique mondiale qui s’annonce : les difficultés en Europe à cause de la crise en Grèce et le ralentissement aux États‑Unis et en Chine notamment.
Quelles sont les conséquences pour l'Algérie de cette baisse des prix du pétrole ? L'économie algérienne est totalement dépendante des revenus tirés des hydrocarbures, première source de richesse du pays. Les hydrocarbures ont ainsi rapporté plus de 55 milliards de dollars à l'Algérie en 2010. A priori, cette situation sur les marchés du brut ne devrait pas avoir d'impact dramatique immédiat sur les finances du pays. Le budget de la Loi de finance complémentaire 2011 a en effet établi à partir d'un prix du pétrole fixé à 37 dollars le baril. Même à 76 dollars, on est encore loin du seuil critique.
Cependant, s'arrêter à cette constatation, ce serait ignorer les conséquences à moyen terme. En effet, depuis le début de l'année, le gouvernement, en proie à une contestation sociale massive, a engagé de nombreuses dépenses. Augmentations de salaires dans l'administration et les entreprises publiques, subventions pour les biens alimentaires de base, la loi de finances complémentaire 2011 a vu les dépenses publiques augmenter de 25 % et le déficit budgétaire s’établir à 33,9 % du PIB. Cela représente plus de 1600 milliards de dinars de dépenses supplémentaires, soit 23,8 milliards de dollars, c'est‑à‑dire la moitié des revenus des hydrocarbures de 2010.
Si, dans l'immédiat, cela ne devrait pas fragiliser la situation financière du pays, qui dispose également de près de 160 milliards de dollars de réserves de change, la question se pose au sujet de la capacité de l'État à maintenir ce niveau de dépense avec une baisse importante du prix du pétrole. Car si les revenus baissent, ces dépenses nouvelles vont se maintenir. D'autant que la plupart de ces dépenses – même si elles sont légitimes – ne répondent pas directement à une stratégie économique de développement des entreprises et de l'emploi. Ce sont donc des dépenses sèches et non des investissements pour l'avenir qui pourraient créer de la richesse et permettre d’équilibrer les comptes de l’État
.
En cas d'accident sur les marchés du pétrole, l'Algérie n'a toujours pas de plan B et le gouvernement pourrait donc être contraint de serrer un peu plus la ceinture. Au risque de réveiller la colère sociale toujours latente. Il y a aussi le risque de voir se rééditer le scénario de qui a prévalu entre 2008 et 2010. Le gouvernement, pour rééquilibrer la balance commerciale, avait pris une série de mesures économiques et fiscales. Contenues dans les lois de finances complémentaires (LFC), elles ont eu des effets néfastes sur l’investissement étranger et l’économie nationale.