04-07-2011
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économie de l algerie de 2031! |
L’Algérie n’a pas de plan pour l’avenir ni pour l’économie, ni pour la politique ni pour tout autre domaine, on ne sait pas ce qu’il va advenir de notre pays dans les 30 prochaines années, c’est ce qu’ont estimé hier des spécialistes qui animaient une conférence-débat sur le thème “5 Juillet 2001-5 Juillet 2031 … vision prospective” au Centre des études stratégiques d’Echaâb à Alger.
Décortiquant l’économie algérienne, Bachir Mostefa, professeur d’économie à l’université l’a qualifiée d’économie «mi-keynésienne et rentière». Selon lui «l’économie keynésienne repose sur l’injection des fonds dans une économie industrialisée alors que chez nous il y a injection de fonds dans une économie non industrialisée». «Cet état de faits, a-t-il ajouté, favorise l’inflation». La conférence, a du reste, réfuté le nombre de 400.000 PME-PMI.
«La plupart des patrons ont 2 ou 3 registres de commerce, quand ils sont sous la pression des impôts, ils mettent au placard l’un de leur registre» a-t-il soutenu. Selon lui le nombre réel de PME-PMI se situerait entre une fourchette de 140.000 à 200.000. Le taux de couverture ne dépasse pas 0,8 %, «ce qui très faible» a-t-il dit. Bachir Mostefa tout en plaidant pour des mesures protectionnistes de la production nationale, a tiré la sonnette d’alarme sur le niveau des importations.
«La facture d’importation en 2010 s’est élevée à 40 milliards de dollars dont 6 milliards ont été dépensés pour l’alimentation». Et de déplorer le fait qu’on recoure à l’importation «du raisin, des lentilles, de l’huile, du blé, des oignons, des tomates, amandes, viande et poissons congelées, etc.». «La friperie, a-t-il ajouté, nous a coûtés un million de dollars sans compter les dépenses de la friperie qui nous vient par le biais du marché parallèle (40%).
La tendance aujourd’hui est à la satisfaction tout azimut des besoins internes, ce qui est une erreur» déplore-t-il. Pour lui le secteur public est un «secteur prédateur». Bachir Mostefa soutient qu’il n’y a pas de stratégie industrielle. «On a fait des ateliers pour mettre au point une politique dans ce sens mais aucun ministère ne s’estime compétent pour la mettre en œuvre». Et de plaider pour la création d’un ministère de la Stratégie industrielle.
Le conférencier a accusé même indirectement le gouvernement d’avoir sacrifié la souveraineté. «Il faut que les autorités se rendent compte qu’elles sont souveraines dans leurs décision» a-t-il martelé. Et l’orateur de citer l’exemple de la Malaisie «qui accorde aux investissements étrangers des terrains d’assiette pour leurs projets en contrepartie de l’acceptation de l’exportation des produits malaisiens dans ces pays».
Le conférencier a proposé pour les dix prochaines années «d’interdire l’importation de tous les produits qui se fabriquent en Algérie ainsi que la suppression des taxes qui représentent 70 % des coûts». L’autre étape devrait permettre, selon lui, l’exportation des produits algériens. Bachir Mostefa a critiqué aussi le Cnes (Conseil national économique et social).
«Cette institution doit faire son travail ou disparaître, elle n’a pas à réunir la société civile» juge-t-il. Notons que les autres intervenants, l’avocate Monia Meslem et l’économiste Salim Kelala, ont insisté respectivement, sur la nécessité de renforcer l’indépendance de la justice et sur la nécessité de lancer des études prospectives.
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l algerie et les nouveaux difis |
L’Algérie doit s’adapter aux exigences du nouveau monde
Le recours aux subventions et aux importations sont une “erreur stratégique”, estiment les experts dont certains
ont présenté l’indépendance de la justice comme le passage obligé pour une économie forte
Quel est l’avenir de l’Algérie, notamment sur les plans économique, politique et socio-judiciaire ? Cette question a été, hier à Alger, au cœur des préoccupations des invités du Centre d’études stratégiques d’Echaab, à savoir la juriste Mounia Mouslim, l’économiste Bachir Mostefa et l’universitaire Salim Kalala. Lors de la conférence, tous les trois ont insisté sur l’importance, voire l’urgence, de l’adaptation de l’Algérie aux exigences du nouveau monde.
Le Dr Mostefa a même fait remarquer que si le XXIe siècle est celui de “l’économie numérique”, “le XXIIe sera le siècle de la pensée économique”. Selon l’analyste et conseiller de certaines chaînes de télévision, l’État ne peut répondre indéfiniment aux demandes multiples par le recours aux subventions et aux importations, surtout lorsque le pays continue de traîner “une économie fragile” dépendante du pétrole et du gaz. L’économiste a d’ailleurs qualifié une telle démarche d’“erreur stratégique”, en déplorant “l’absence de vision lointaine” et celle d’un système permettant au pays une adaptation rapide aux mutations. “L’État doit s’éveiller et protéger l’économie nationale”, a-t-il observé, en plaidant pour “une nouvelle vision de l’économie nationale” reposant sur “une volonté politique forte”. Sinon, a ajouté le conférencier, “nous allons vers une crise” comme celle de 1987. De son côté, Mme Mouslim a défendu l’idée d’indépendance de la justice, assurant que celle-ci est “la force d’une nation”. “Si nous voulons bâtir une économie forte et si nous voulons avoir une société forte, il faut alors aller vers l’indépendance de la justice”, a affirmé la juriste, non sans préciser la nécessaire indépendance du juge vis-à-vis du ministère de tutelle et du président de la République. L’intervenante a reconnu que la situation et la carrière du juge algérien ont certes connu des “améliorations” ces dernières années, mais “cela ne suffit pas, car il n’est pas indépendant”. D’après elle, la construction d’une “Algérie démocratique et développée”, intimement liée à l’indépendance du pouvoir judiciaire, doit d’abord être portée par une volonté politique. Le dernier intervenant, en l’occurrence Salim Kalala, a touché du doigt le problème de la recherche et de la réflexion. Dans ce cadre, il a constaté l’inexistence d’études sur l’avenir du système politique algérien. Pourtant, a poursuivi M. Kalala, aujourd’hui, les spécialistes dans le monde convergent sur l’idée de changement que subira le système politique actuel. Dans son résumé relatif aux études réalisées en Occident, le professeur en sciences politiques a laissé entendre que dans 50 ou 60 ans, “la démocratie directe” s’imposera d’elle-même, par le biais de la technologie. “Les partis politiques vont disparaître s’ils ne s’adaptent pas et nous verrons l’émergence de nouvelles organisations politiques”, a-t-il confié. Toujours selon la vision occidentale, les dangers menaçant l’avenir ne seront pas de l’ordre du terrorisme, mais proviendront de “la menace psychique”, elle-même sujette aux “pressions”. D’où l’intérêt porté par les chercheurs sur, entre autres, le rôle des médias, des partis politiques et des associations. Arrivé à ce stade de la réflexion, l’universitaire a fait savoir que le “Printemps arabe” n’est rien d’autre qu’un “travail (fait) sur l’esprit”.
Que faire pour affronter ces nouvelles menaces ? “Pour s’adapter aux XXIe et XXIIe siècles, il faut approfondir les études, mais la population doit aussi acquérir une culture générale”, a soutenu l’intervenant, en proposant la création d’ateliers de réflexion. Ce dernier a également plaidé pour la consolidation des institutions et formations politiques encore faibles, ainsi que pour la révision des textes sur le rôle des médias, des partis et associations.