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mardi 26 juillet 2011

Algerie:Ils ont été identifiés par les services de sécurité




Les terroristes tués à Thenia voulaient commettre un attentat kamikaze à Alger
Les deux terroristes tués lundi 25 juillet à Thenia portaient des ceintures explosives et étaient à bord d’une voiture de type Huyndai Atos en direction de la capitale où ils projetaient de se faire exploser devant une institution publique, a‑t‑on appris ce mardi 26 juillet auprès de sources locales. Les deux kamikazes ont été identifiés par les services de sécurité. Le premier s'appelle Khaled Khizarani. Âgé de 27 ans, il est originaire du village Boudhar – commune de Si Mustapha –, dans la wilaya de Boumerdès. Il a intégré les groupes terroristes en 2008. Il est soupçonné d’avoir tué un garde communal il y a quelques mois. Le deuxième s'appelle Bensout, 21 ans. Originaire de Zemmouri, il avait rejoint le maquis il y a deux ans. Son rôle était de soutenir les membres de la katibat El Arqam qui active dans la région est de Boumerdès.

Les deux terroristes, assurent les mêmes sources, étaient à bord d'une voiture de type Atos et se dirigeaient vers la capitale. Ils portaient des ceintures d'explosifs et comptaient commettre un attentat kamikaze contre des institutions publiques. L'armée a pu déjouer leur plan grâce aux informations obtenues depuis plus de trois mois sur des attentats kamikazes que des groupes terroristes planifiaient à Alger. Les derniers renseignements faisaient état de deux terroristes à bord d'une Hyundai Atos. Venus des montagnes d’Ouled Ali à Thénia, ils ont été interceptés sur la route nationale N° 12, reliant Alger à Tizi Ouzou, au niveau d’un barrage fixe de la gendarmerie et de l’armée. Sommés de s’arrêter, ils ont refusé. Les militaires ont alors ouvert le feu et les ont tués.

Algerie :corupption


La réalisation des autoroutes coûte plus cher en Algérie qu’au Maroc
Au Maroc, les coûts de construction des autoroutes sont moins importants qu’en Algérie. Le Royaume de Mohamed VI a inauguré ce lundi 25 juillet une autoroute de 2X2 voies reliant Fès (centre) à Oujda (est), ville limitrophe de l'Algérie, sur 320 km, d'un coût estimé à environ un milliard d'euros,  a indiqué le ministère marocain de l'Équipement. Les travaux de cet axe qui facilite les liaisons entre le centre et l'est du Maroc, avaient débuté en 2008. « Ce tronçon va donner un coup d'accélérateur au processus de développement de la région », a déclaré Karim Ghellab, ministre de l'Équipement et des transports. Avec cette infrastructure, le Maroc est désormais doté d'un réseau national de 1500 km d'autoroutes.

L’Algérie a lancé en 2006 les travaux de réalisation de 900 km de l’autoroute Est‑Ouest en 2X3 voies pour un prix initial de plus de 12 milliards de dollars, soit 13 millions de dollars le kilomètre, contre seulement 3 millions de dollars au Maroc. « L’autoroute marocaine est en 2X2 voies et la notre est en 2X3 voies, mais cela n’explique par l’écart dans le coût de réalisation. Au maximum, la différence de prix entre les deux autoroutes ne doit pas dépasser 40 % », explique un ingénieur algérien des travaux publics qui a travaillé au Maroc. Les coûts de la main d’œuvre sont pourtant plus chers au Maroc par rapport à l’Algérie.

« En Algérie, les caisses sont pleines, c’est ce qui explique les surcoûts dans la réalisation de l’autoroute Est‑Ouest. Ni la topographie, ni le gabarit de l’autoroute algérienne ne peuvent expliquer ces coûts élevés », estime‑t‑il.

L’Algérie a construit en fait une autoroute avec des prix semblables à ceux pratiqués en Europe où le kilomètre revient entre 10 et 12 millions d’euros. « Mais la qualité de l’autoroute algérienne est loin de ressembler aux autoroutes européennes. Nous avons construit au coût européen pour une qualité africaine », ajoute le même ingénieur. Malgré son prix exorbitant, l’autoroute Est‑Ouest n’est pas de très bonne qualité et présente déjà plusieurs malfaçons dans la réalisation de la chaussée, le traitement des talus… Des travaux de réparation ont été effectués déjà sur certains tronçons, une année seulement après leur ouverture à la circulation.

En 2009, un scandale de corruption a éclaté autour de la réalisation de l’autoroute Est‑Ouest par les groupements chinois CITIC‑CRCC et japonais Cojaal. De nombreux responsables du ministère des Travaux publics et des intermédiaires ont été mis en détention préventive, d’autres ont été placés sous contrôle judiciaire. L’enquête sur cette affaire se poursuit toujours.

Algerie :Les augmentations de salaires


Salaires : «A la rentrée, tout le monde refera ses comptes !»

Les augmentations de salaires des six premiers mois de l’année 2011 ont fait parler de «printemps social en Algérie» alors que le printemps était politique dans les autres pays arabes.

Avec la dure grève d’Air Algérie, un cycle va peut-être se refermer. Ou peut-être pas, car l’analyse des augmentations et de la conjoncture montre que les tensions ne sont pas épuisées. La rentrée d’octobre révèlera «les perdants du printemps».
Les mouvements de grèves de travailleurs ont permis d’obtenir une augmentation de salaire de 23% en moyenne dans le secteur public économique depuis le 1er janvier dernier, selon un calcul de Maghrebemergent (ME). Cette augmentation n’intègre pas la fonction publique, là où les hausses ont été les plus importantes.
Là d’où tout est parti en vérité, avec l’annonce des 50% de hausse des salaires dans la DGSN, qui ont largement contribué à la colère de la jeunesse début janvier 2011. Les médecins avec 70% d’augmentation au total – rejetés par un des deux syndicats de la corporation, le SNSP, mais acceptés par l’autre, le SNMGSP- signent le plus important rattrapage dans la fonction publique.
Tout juste derrière les gardes communaux qui touchent en primes des augmentations supérieures à 100% et alignent, avec 33 000 dinars, leur salaire moyen sur celui de l’agent de police débutant.
L’enseignement supérieur a poursuivi en 2011, le mouvement de réalignement de ses salaires grâce notamment à l’entrée en vigueur des primes de documentation et de recherche. Le solde des augmentations pour les universitaires oscille entre 33 000 dinars et 80 000 dinars.
La fonction publique devrait pour le plus gros de ses effectifs attendre et voir à la rentrée. Ainsi les premières fiches de paie reçues par les médecins et les chirurgiens du secteur public, ne correspondent pas tout à fait aux calculs prévisionnels. La tension pourrait toutefois provenir d’un autre corps de métier, l’éducation nationale.
Les augmentations de salaires des six premiers mois de l’année 2011 ont fait parler de «printemps social en Algérie» alors que le printemps était politique dans les autres pays arabes. Avec la dure grève d’Air Algérie, un cycle va peut-être se refermer. Ou peut-être pas, car l’analyse des augmentations et de la conjoncture montre que les tensions ne sont pas épuisées. La rentrée d’octobre révèlera «les perdants du printemps».
Les mouvements de grèves de travailleurs ont permis d’obtenir une augmentation de salaire de 23% en moyenne dans le secteur public économique depuis le 1er janvier dernier, selon un calcul de Maghrebemergent (ME). Cette augmentation n’intègre pas la fonction publique, là où les hausses ont été les plus importantes.
Là d’où tout est parti en vérité, avec l’annonce des 50% de hausse des salaires dans la DGSN, qui ont largement contribué à la colère de la jeunesse début janvier 2011. Les médecins avec 70% d’augmentation au total – rejetés par un des deux syndicats de la corporation, le SNSP, mais acceptés par l’autre, le SNMGSP- signent le plus important rattrapage dans la fonction publique.
Tout juste derrière les gardes communaux qui touchent en primes des augmentations supérieures à 100% et alignent, avec 33 000 dinars, leur salaire moyen sur celui de l’agent de police débutant.
L’enseignement supérieur a poursuivi en 2011, le mouvement de réalignement de ses salaires grâce notamment à l’entrée en vigueur des primes de documentation et de recherche. Le solde des augmentations pour les universitaires oscille entre 33 000 dinars et 80 000 dinars.
La fonction publique devrait pour le plus gros de ses effectifs attendre et voir à la rentrée. Ainsi les premières fiches de paie reçues par les médecins et les chirurgiens du secteur public, ne correspondent pas tout à fait aux calculs prévisionnels. La tension pourrait toutefois provenir d’un autre corps de métier, l’éducation nationale.
Les dernières augmentations obtenues dans le contexte politique très particulier du premier semestre 2011, ont été plus importantes pour des corporations moins organisées et moins combatives que les professeurs du secondaire, augmentés précédemment dans un autre contexte. «Un nouveau débat sur la juste rémunération des PES devra être lancé à la rentrée prochaine dans nos rangs» affirme un syndicaliste du Cnapest de la wilaya de Tipaza.

LES ENTREPRISES PUBLIQUES DEVANT L’ÉCUEIL DE L’EXÉCUTION

La tournure très heurtée prise par la grève du personnel navigant commercial (PNC) d’Air Algérie marque la volonté du gouvernement de contenir la vague des augmentations de salaires dans le secteur public économique. Le PDG sortant d’Air Algérie, Wahid Bouabdellah, a perdu son poste pour avoir envoyé un mauvais signal avec sa promesse de hausse de 107% lâchée aux aurores d’une grève sans préavis en juin dernier.
Les 25% d’augmentation sur lesquels s’est dessiné un accord entre les syndicalistes et la nouvelle direction d’Air Algérie correspond non pas aux excédents d’exploitation du pavillon Algérie, mais à une moyenne haute des hausses dans le secteur public économique.
Chez Algérie Télécom, les augmentations ont été de 25%, tout comme à Algérie Poste et dans le secteur bancaire public qui n’a pas eu besoin de passer par un conflit ouvert. En haut de la fourchette des réajustements se situent les entreprises du secteur de l’hydraulique où les salaires, partis de bas, ont connu une hausse de 53% dans certains cas.
Les salariés de Sonelgaz ont obtenu de 30% à 40% d’augmentation après avoir revendiqué 70% de hausse. Tous les SGP ont accordé des augmentations, y compris dans des filières réputées sinistrées comme le textile (8% en moyenne). Le potentiel de contestation n’est pourtant pas retombé dans les entreprises publiques car la mise en oeuvre des décisions n’est pas aussi fluide qu’un virement du Trésor public.
Les travailleurs de SNVI Rouiba pourraient ainsi repartir dans un nouveau bras de fer avec la direction, accusée de mauvaise gestion et rendue responsable de l’incapacité du complexe à générer du chiffre d’affaires. La hausse dans la mécanique et la métallurgie varie entre 12% et 20% qu’il faudra mobiliser en trésorerie à chaque fin de mois.

LE PRIVÉ INTERNATIONAL SOUS PRESSION

C’est finalement dans le secteur privé que demeure peut-être le gisement de contestation sociale le plus fort dans les mois qui viennent. La hausse des salaires y a été d’environ 20% sur la base de pointages partiels (ME).
Mais cela n’est pas très significatif car ces augmentations ne touchent pas beaucoup d’entreprises. Le secteur mixte capital étranger- capital public est le plus exposé. Arcelor Mittal a connu plusieurs mouvements et convenu d’une hausse de 18%, alors qu’un peu plus tard les travailleurs de Linde Gas – leader mondial des gaz industriels – ont mis au second plan leurs revendications salariales pour exiger la renationalisation de cette entreprise.
Plusieurs grandes enseignes étrangères en Algérie – dans des secteurs aussi divers que l’agro-alimentaire, la boisson, ou les matériaux de construction – ont discrètement négocié sous pression de nouvelles conventions collectives et accordé des augmentations de salaires dans la fourchette des 20% à 30%, pour anticiper des mouvements de grèves, nuisibles pour leur image. «A la rentrée tout le monde refera ses comptes et les perdants de ce printemps social se reconnaîtront» conclut le syndicaliste Cnapest.
Samy Injar
Les dernières augmentations obtenues dans le contexte politique très particulier du premier semestre 2011, ont été plus importantes pour des corporations moins organisées et moins combatives que les professeurs du secondaire, augmentés précédemment dans un autre contexte. «Un nouveau débat sur la juste rémunération des PES devra être lancé à la rentrée prochaine dans nos rangs» affirme un syndicaliste du Cnapest de la wilaya de Tipaza.
LES ENTREPRISES PUBLIQUES DEVANT L’ÉCUEIL DE L’EXÉCUTION
La tournure très heurtée prise par la grève du personnel navigant commercial (PNC) d’Air Algérie marque la volonté du gouvernement de contenir la vague des augmentations de salaires dans le secteur public économique. Le PDG sortant d’Air Algérie, Wahid Bouabdellah, a perdu son poste pour avoir envoyé un mauvais signal avec sa promesse de hausse de 107% lâchée aux aurores d’une grève sans préavis en juin dernier.
Les 25% d’augmentation sur lesquels s’est dessiné un accord entre les syndicalistes et la nouvelle direction d’Air Algérie correspond non pas aux excédents d’exploitation du pavillon Algérie, mais à une moyenne haute des hausses dans le secteur public économique.
Chez Algérie Télécom, les augmentations ont été de 25%, tout comme à Algérie Poste et dans le secteur bancaire public qui n’a pas eu besoin de passer par un conflit ouvert. En haut de la fourchette des réajustements se situent les entreprises du secteur de l’hydraulique où les salaires, partis de bas, ont connu une hausse de 53% dans certains cas.
Les salariés de Sonelgaz ont obtenu de 30% à 40% d’augmentation après avoir revendiqué 70% de hausse. Tous les SGP ont accordé des augmentations, y compris dans des filières réputées sinistrées comme le textile (8% en moyenne). Le potentiel de contestation n’est pourtant pas retombé dans les entreprises publiques car la mise en oeuvre des décisions n’est pas aussi fluide qu’un virement du Trésor public.
Les travailleurs de SNVI Rouiba pourraient ainsi repartir dans un nouveau bras de fer avec la direction, accusée de mauvaise gestion et rendue responsable de l’incapacité du complexe à générer du chiffre d’affaires. La hausse dans la mécanique et la métallurgie varie entre 12% et 20% qu’il faudra mobiliser en trésorerie à chaque fin de mois.
LE PRIVÉ INTERNATIONAL SOUS PRESSION
C’est finalement dans le secteur privé que demeure peut-être le gisement de contestation sociale le plus fort dans les mois qui viennent. La hausse des salaires y a été d’environ 20% sur la base de pointages partiels (ME).
Mais cela n’est pas très significatif car ces augmentations ne touchent pas beaucoup d’entreprises. Le secteur mixte capital étranger- capital public est le plus exposé. Arcelor Mittal a connu plusieurs mouvements et convenu d’une hausse de 18%, alors qu’un peu plus tard les travailleurs de Linde Gas – leader mondial des gaz industriels – ont mis au second plan leurs revendications salariales pour exiger la renationalisation de cette entreprise.
Plusieurs grandes enseignes étrangères en Algérie – dans des secteurs aussi divers que l’agro-alimentaire, la boisson, ou les matériaux de construction – ont discrètement négocié sous pression de nouvelles conventions collectives et accordé des augmentations de salaires dans la fourchette des 20% à 30%, pour anticiper des mouvements de grèves, nuisibles pour leur image. «A la rentrée tout le monde refera ses comptes et les perdants de ce printemps social se reconnaîtront» conclut le syndicaliste Cnapest.

Algerie:entretien

Salah Mouhoubi, économiste et politologue : «L'informel est une bombe à retardement »

Salah Mouhoubi, économiste et politologue, passe en revue, dans cet entretien qu’il nous a accordé, la politique économique du gouvernement. Il considère que les récentes augmentations de salaires et les mesures à caractère social qui font fait exploser le budget de fonctionnement de l’Etat menace l’économie algérienne.Entretien.

DNA : D’année en année les dépenses publiques augmentent, des sommes colossales sont injectées dans le circuit économique mais on ne perçoit pas vraiment un décollage comme claironne le gouvernement.
Salah Mouhoubi : On constate que le budget de l’Etat augmente de manière vertigineuse depuis quelques années. Les dépenses publiques ont explosé. Les augmentations de salaires et les mesures à caractère social ont fait exploser le budget de fonctionnement. C’est une tendance dangereuse car toutes ces dépenses n’ont pas une contrepartie économique. Bien au contraire, elles ont pour effet de pousser la demande et les importations. Les conséquences sont immédiates. Les importations explosent et l’inflation est relancée.
Le gouvernement adopte chaque année une loi de finances complémentaires, une démarche plutôt exceptionnelle qui devient une règle. Comment l’expliquez-vous?
Malheureusement, elle est devenue une pratique : derrière une loi de finances se profile une loi de finances complémentaires. Il y a forcément un problème de visibilité et de maîtrise des paramètres économiques et sociaux.
Mais pourquoi recourir à une LFC ?
Parce que chaque fois, il résulte des imprévus à prendre en charge sur un plan budgétaire. L’Etat, pour les prendre en charge, promulgue une loi de finances complémentaires. C’est uniquement pour ça. Parfois aussi, il s’agit de dispositions ayant trait à la politique économique et financière du gouvernement comme le crédit documentaire dans la LFC 2009. Et c’est pour ça que je dit qu’il faut espérer que le gouvernement maîtrise dans l’avenir l’évolution des paramètres économiques et sociaux.
Vous avez appelé à la suppression  de toutes les subventions…
La caractéristique de l’économie algérienne est que les subventions sont généralisées à tous les secteurs et services publics en plus des produits de première nécessité. C’est une politique inefficace, irrationnelle et sans objectif économique précis. La recherche de la paix sociale et de la stabilité ne doit pas passer avant les objectifs économiques. C’est une politique de courte vue car la paix sociale et la stabilité sont réalisées grâce à l’économie et ses performances. C’est la création de richesses qui atténue les tensions sociales, crée des emplois et contribue ainsi à la paix sociale et à la stabilité.
Que faire à court terme ?
L’Algérie est un pays où tout est subventionné sans aucune contrepartie économique puisque l’Etat donne et ne reçoit rien. A titre d’exemple, on augmenté les salaires de toutes les catégories sociales mais la subvention des produits alimentaires est toujours de vigueur. Ce qui n’est pas normal. Ces subventions sont contraignantes pour les finances publiques et injustes parce qu’elles touchent tout le monde. L’on sait que c’est l’embellie financière qui permet cette politique. Or, le développement du pays exige une utilisation plus rationnelle de ces ressources financières.
Que est la solution ?
Je pense qu’il primordial d’ouvrir un débat national sur cette question pour sensibiliser la population au fardeau financier et aux enjeux économiques. Il est impératif d’avoir un consensus national sur cette question sensible. Il faut une feuille de route de 3 à 4 ans pour supprimer toutes ces subventions. La suppression de ces subventions ne signifie pas absence de solidarité nationale. L’Etat continuera à apporter son aide sous forme de dotations financières aux catégories les plus défavorisées.
Qu’y aurait-il dans cette feuille de route ?
Il faut qu’il ait d’abord débat national pour éviter toute instrumentalisation politique de la question. Des gens vont dire au Algériens que l’Etat va vous affamer etc. Il faut leur expliquer les enjeux et leur dire que ces subventions coûtent très cher au trésor public et qu’elles sont contreproductives et qu’elles n’ont aucune contrepartie économique. Elles sont aussi injustes parce qu’elles bénéficient à tout le monde. Il faudra procéder autrement et décréter des dotations financières aux catégories défavorisées seulement. Que l’Etat doit utiliser ces ressources de manière rationnelle de manière à stimuler la croissance et créer de la richesse.  C’est pour éviter la spéculation aussi et juguler la fuite des produits subventionnés à travers nos frontières.
Vous dites aussi que les augmentations des salaires sont sans contrepartie économique. Or, c’est la revalorisation du pouvoir d’achat qui va booster la demande et donc, tirer l’offre vers le haut et stimuler la croissance…
Dans le cas de l’Algérie, cette analyse mérite d’être sérieusement nuancée. Il y a une forte revalorisation du pouvoir d’achat grâce au doublement des salaires et avec, souvent, un effet rétroactif. Cette politique a déjà fortement poussé la demande mais, malheureusement, l’offre est toujours rigide. En Algérie, nous ne disposons pas encore d’une économie forte et diversifiée. L’ajustement entre l’offre et la demande se fait par les prix, d’une poussée de l’inflation, et un recours aux importations qui ne font qu’augmenter. Certes, la revalorisation du pouvoir d’achat a permis d’améliorer les conditions de vie des Algériens mais pas forcément au bénéfice de l’économie.
Que proposez-vous ?
Il faut une politique salariale cohérente basée sur les performances de l’économie nationale. Il faut arrêter ces augmentations faramineuses qui créent beaucoup plus de problèmes qu’elles ne règlent. Il faut bâtir une économie sans subvention dans le cadre de cette nouvelle approche. Aussi, la lutte contre le secteur informel devient un préalable. Regardez par exemple, du côté des transporteurs. Si nous allons dans n’importe quelle station, nous débusquons des dizaines de personnes qui doivent aller en prison, parce que la quasi-totalité des chauffeurs et receveurs ne sont pas déclarés à la sécurité sociale pourtant ils touchent un revenu. Ces gens ne cotisent pas et pourtant se soignent gratuitement.
Un manque à gagner donc....
Vous imaginez le manque à gagner ! C’est une bombe à retardement. Je dis qu’au moment où l’Algérie envisage de se doter d’un projet de réforme politique et institutionnel, il est urgent qu’elle réfléchisse également à un projet de réforme économique pour aboutir à la suppression de toutes les vulnérabilités du pays. En données chiffrées, si le pétrole descend à 40 USD et que cela perdure 3 ans, l’Algérie épuisera l’ensemble de ses réserves de change (pour financer son budget et ses importations).
En quoi l’informel constitue-il une bombe à retardement ?
Les gens qui travaillent dans l’informel ne cotisent pas aux caisses d’assurance maladie et au fond de retraite. Et pourtant ils se soignent gratuitement, envoient leurs enfants à l’école au même titre que les contribuables alors qu’ils ne paient pas d’impôts. Et ces gens qui ne cotisent pas, plus tard, une fois à l’âge de retraite qui va les prendre en charge ? Non seulement cela aggrave le déficit des caisses d’assurance et de retraite mais, c’est l’Etat qui devra les prendre en charge. Et ça, c’est une bombe à retardement.