L'Etat les incite à abandonner le spirituel pour le politique : Imams ou agents de propagande?
On ne sait plus s’il faut les appeler imams, propagandistes, assistants sociaux ou agents de contrôle au service de l’Etat. Le ministère des Affaires religieuses et du wakf a instruit les imams des mosquées à l’occasion du mois sacré du ramadhan à adopter des prêches en relation avec les préoccupations quotidiennes des citoyens. Quelques jours plutôt, le même ministère avait demandé aux imams d’inciter les estivants à ne pas se rendre à la plage durant le même mois. Pour éviter la tentation.
Les imams doivent abandonner, dans leurs prêches durant le mois de ramadhan, les discours traditionnels et axer davantage sur les soucis et préoccupations des citoyens, a indiqué M. Fellahi, chargé de l’information au ministère, dans une déclaration à l’APS.
Les imams, a-t-il expliqué, ont démontré, ces derniers temps, leur capacité à adhérer à cette démarche lorsqu’ils ont abordé des sujets sociaux qui concernent directement les citoyens.
Les imams transformés en auxiliaires de l’Etat chargés de prêter main forte au gouvernement ? C’est tout comme…
Le discours des imams, a précisé M. Fellahi, sera orienté essentiellement vers les commerçants les dissuadant de profiter de ce mois sacré pour réaliser des gains faciles en faisant le malheur du simple citoyen qui subit les effets de la hausse des prix des produits de large consommation.
Il s’adressera également aux personnes malades interdites de jeûner, les exhortant à respecter les prescriptions médicales afin de ne pas nuire à leur santé.
Des instructions seront également données aux personnes chargées des mosquées qui doivent veiller « à l’hygiène et à l’aération en utilisant modérément les appareils de climatisation afin de préserver la santé des fidèles d’autant que le mois du jeûne sera cette année chaud », selon la même source.
M. Fellahi a appelé, dans ce cadre, les imams à se conformer au calendrier établi par le ministère sur les horaires du f’tour et du imsak dans le souci de préserver l’unité de la nation et respecter la référence nationale.
M. Fellahi n’a pas précisé ce qu’il entendait dire par souci « de préserver l’unité de la nation et respecter la référence nationale ».
Quinze jours plutôt , le même chargé de l’Information annonçait à la presse que son département allait demander aux imams d’inciter les Algériens à ne pas se rendre à la plage au cours du mois sacré, avant ou après la rupture du jeûne.
Explications du ministère : « Les jeûneurs qui se rendent à la plage pourraient rendre « vain » leur jeûne, vu les actes et les « scènes immorales » qui peuvent arriver et peuvent être « vues ». Les plagistes ne sont pas également à l’abri d’une rupture inopportune du jeûne en avalant l’eau de mer.
En somme, les autorités algériennes demandent aux imams de s’écarter de leurs missions spirituelles pour faire de la politique, de la prévention sociale
Pourtant, le ministère des Affaires religieuse affirmait en 2007 que « la mosquée est un lieu de culte et non un endroit pour faire de la politique » et qu’un projet de loi interdisant aux imams de faire de la politique était en préparation.
Si le gouvernement a, semble-t-il, abandonné ce projet de loi, il n’a pas renoncé à instrumentaliser les imams aux fins de propagande politique.