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vendredi 22 juillet 2011

Algérie:droits de l’homme en Algérie et la diplomatie algérienne


Le nouveau profil bas de la diplomatie algérienne
Il a y trois semaines, le département d’État américain, dénonçait, dans un rapport virulent sur la situation des droits de l’homme en Algérie, le manque de volonté des autorités algériennes à lutter contre le trafic d’êtres humains dans le pays. Ce rapport a suscité de nombreuses réactions en Algérie, notamment celle du président de la Commission consultative de promotion et de protection des droits de l’homme, Farouk Ksentini. Il fustigé un rapport «  injurieux » et « scandaleux ». Et Alger avait promis, le 3 juillet, de répondre officiellement au département d'État. Le ministre de la Justice, Tayeb Belaiz, avait en effet annoncé qu’une réunion aurait lieu au ministère des Affaires étrangères pour mettre au point cette réponse (lire). Or, à ce jour, trois semaines après cette annonce, aucune déclaration publique officielle n’est venue. Non seulement le gouvernement algérien n’a pas réagi, mais aucun ministre n’a osé la moindre déclaration d’indignation ou de rejet des accusations américaines.

Ces dernières semaines, ce n’est pas la première fois que l’on constate ce silence pesant du ministère des Affaires étrangères sur des dossiers le concernant. Il y a eu ensuite les propos du ministre français des Transports, Thierry Mariani, qui, pendant la grève d’Air Algérie, a appelé la compagnie algérienne publique à assumer ses responsabilités. Il y avait eu auparavant d’autres rapports sur la situation des droits de l’homme dans le pays, comme celui de l’ONG Amnesty international ou du Département d’État américain.

Le 19 avril, Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, avait rendu publique une conversation avec son homologue algérien Mourad Medelci sur l’implication de l’Algérie en Libye. Malgré l’agacement qu’elle a provoqué en Algérie, cette attitude peu diplomatique du ministre français n’a donné lieu à aucune réaction algérienne.

Cette attitude du gouvernement tranche avec celle à laquelle il avait habitué les Algériens par le passé. Ces prises de paroles étaient d’ailleurs souvent le fait de responsables bien précis, quasi habitués des sorties outrées contre les pays, notamment la France, qui prononçaient des propos négatifs à l’encontre de l’Algérie. C’était le cas par exemple de Mohamed Cherif Abbas, ministre des Moudjahidine, ou d’Abdelaziz Belkhadem, ex‑premier ministre et secrétaire général du FLN. Tous deux, et certains autres, réagissaient au nom de la défense de la souveraineté nationale.

Depuis peu, ce n’est plus le cas. Comment expliquer cette nouvelle réserve des autorités algériennes ? Le contexte politique national et international a changé. Des dictateurs sont tombés en Tunisie et en Égypte. D’autres sont menacés, en Libye, en Syrie, au Yemen. D’autres pays doivent accepter d’ouvrir leur pays à  plus de démocratie, comme le Maroc et l’Algérie. Surtout, les puissances occidentales ont décidé de soutenir ce vent de changement. Leur appui aux pouvoirs en place n’est plus si inconditionnel. L’Algérie cherche‑t‑elle alors à ne pas provoquer de tension contre‑productive pour le régime ? La volte‑face est en tout état de chose frappant. Le pouvoir, pour se maintenir, semble prêt à faire l’impasse – momentanément ? – sur les intérêts et l’image de l’Algérie à l’étranger.

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