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mardi 9 août 2011

Algérie:Création d’un million d’emploi en six mois



Pourquoi les chiffres du gouvernement sont peu crédibles
Les chiffres annoncés, lundi 8 août, par le gouvernement en matière de création d’emplois sont‑ils crédibles ? Selon un bilan des réalisations économiques et sociales en Algérie, 1,09 million d’emplois ont été créés durant les six premiers mois de l’année 2011. Ce chiffre pose un premier problème : en janvier 2010, l’Office national des statistiques (ONS) dévoilait les résultats d’une enquête sur le chômage en Algérie. Selon les données du CNIS, le taux de chômage était de 10,2 %, soit 1,072 million de chômeurs sur une population active de 10,5 millions de personnes. Un chiffre validé en janvier 2011 par le FMI (lire). Cela voudrait dire que le taux de chômage en Algérie avoisine 0%.

Dans ce contexte, ou les chiffres du CNIS sont faux, ou les données publiées aujourd’hui par le gouvernement sont erronées. Des experts et des chômeurs interrogés par TSA penchent pour la seconde hypothèse. « Avec 1,09 million d’emplois créés en six mois, l’Algérie a créé environ 170 000 emplois par mois. Peu d’économies sont capables d’un tel exploit », explique un économiste qui a requis l’anonymat. « En Algérie, il n'y a pas de statistiques fiables et cela résume tout. Chaque institution a ses propres statistiques », souligne pour sa par le politologue Rachid Tlemçani.

« Pour l'instant, je ne connais pas de nombreuses personnes dans mon entourage qui ont été recrutées. Pour moi c'est un chiffre irréaliste économiquement parlant », indique pour sa part Samir Larabi, porte‑parole du Comité national de la défense des droits des chômeurs. Ce membre fondateur de l'organisation, dont l'une des plus importante revendications est la possibilité pour chaque citoyen d'avoir un poste digne, ajoute sceptique : « la majorité des emplois qui auraient pu être créés sont précaires. C'est le cas des gens qu'on connaît dont certains font partie du comité. Ils ont tous été embauchés dans le cadre de certains dispositifs de pré‑emploi, dont celui d'aide et d'insertion professionnelle (DAIP). Et cela ne règle en rien leur situation ».

Pour cet ancien député qui a requis l’anonymat, « le démarrage effectif du plan quinquennal n'a pas encore eu lieu. Tout est en étude et en projection, il y a du retard. Ils ne veulent pas faire les mêmes erreurs du passé. Et encore, les programmes précédents sont en cours de réception, donc il y aura une destruction de postes d'emploi. Il y a aussi le contexte (grève, rassemblement, marche) qui n'était pas du tout favorable à la création d'emploi ».

L’autre interrogation que suscite la publication des chiffres du gouvernement concerne les actions de recrutement. Recruter un million de personnes en six mois ne passe pas inaperçu à la fois parmi les chômeurs et au sein des entreprises et des administrations qui ont accueilli les nouveaux collaborateurs. Certes, au début de l’année, après les émeutes de janvier, le gouvernement avait demandé aux entreprises publiques et aux administrations de recruter massivement. Mais dans les journaux, les offres d’emplois sont restées rares. Tout comme les concours de recrutement de la fonction publique.

Les entreprises publiques et les administrations qui ont géré depuis le début de l’année de nombreux conflits sociaux ont‑elles les capacités d’absorber un tel nombre de recrutements en si peu de temps ? Qui a mené les entretiens d’embauche ? Qui a géré les concours dans la fonction publique ? Comment les chômeurs recrutés ont‑ils été contactés ou ont‑ils postulé ? Autant d’interrogations qui rendent les chiffres du gouvernement peu crédibles.


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