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lundi 1 août 2011

Syrie:les développement des contestations contre le régime


Syrie: 95 morts lors d'une vaste offensive de l'armée à Hama

Quatre-vingt quinze personnes ont été tuées dimanche et des dizaines d'autres blessées, selon des militants, lors d'une vaste offensive de l'armée à Hama, ville rebelle du centre de la Syrie que le régime tente de soumettre depuis plusieurs semaines.
"L'armée et les forces de sécurité ont lancé une attaque sur Hama et ouvert le feu sur des civils, faisant 95 morts", a déclaré à l'AFP Ammar Qourabi, le président de l'Organisation nationale des droits de l'Homme, affirmant disposer déjà d'une liste de 62 noms.
Selon lui, au total, les attaques de l'armée dans plusieurs villes de Syrie ont fait dimanche 121 morts et des dizaines de blessés, dont de nombreux dans un état grave. Outre les victimes de Hama, 19 personnes ont été tuées à Deir Ezzor (est), six à Harak (sud) et une à Boukamal (est), a-t-il indiqué.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a de son côté fait état de deux morts à Sourane, dans les environs de Hama, ce qui porterait le bilan à 123 morts.
Depuis le début de la contestation le 15 mars contre le régime de Bachar al-Assad, la répression a fait quelque 2.000 morts, dont plus de 1.600 civils, selon des ONG.
Un peu plus tôt, le président de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane avait évoqué 45 morts à Hama, mais déclaré redouter un bilan plus lourd, notamment en raison du manque de matériel médical.
Un habitant de la ville, joint par téléphone par l'AFP, a expliqué que "l'armée est entrée aux environs de 06H00 (03H00 GMT) à proximité de la mosquée al-Serjaoui et aux environs de la caserne".
Selon un témoin, qui préfère taire son nom, "cinq chars sont actuellement postés à côté du palais du gouverneur", faisant état de tirs par intermittence. Un autre témoin a déclaré que quatre véhicules blindés de type BTR avaient été déployés dans la ville.
De son côté, l'agence officielle Sana, qui impute depuis le début les troubles à des bandes armées, a annoncé que "deux militaires ont été tués par des groupes armés à Hama".
Selon elle, ils ont "incendié des postes de police, s'en sont pris à des biens publics et privés, ont brûlé des pneus et dressé des barrages dans les rues".
L'agence cite également un habitant non identifié: "Des dizaines d'hommes organisés en bandes armées sont actuellement postés sur les toits des principaux bâtiments de la ville, ils ont des fusils mitrailleurs et ils effraient la population en tirant sans arrêt".
Le pouvoir tente depuis plusieurs semaines de soumettre la ville rebelle de Hama située à 210 km au nord de Damas et qui a connu plusieurs immenses manifestations contre le pouvoir, réunissant plus de 500.000 personnes, selon l'OSDH.
Suite à ces manifestations monstre, le gouverneur de Hama, Ahmad Khaled Abdel-Aziz, avait été limogé le 2 juillet par le président Bachar al-Assad.
Hama est un symbole de la lutte contre le régime en Syrie depuis la terrible répression en 1982 d'une révolte du mouvement interdit des Frères musulmans contre le président Hafez al-Assad, père de Bachar, qui avait fait 20.000 morts.
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, s'est déclaré "consterné" après l'assaut lancé sur Hama. "Une telle action contre des civils qui ont manifesté en masse et pacifiquement dans la ville pendant plusieurs semaines n'a aucune justification", a souligné le ministre.
Evoquant "une action coordonnée dans un certain nombre de villes pour tenter de dissuader le peuple syrien de manifester", le ministre a jugé que "ces attaques sont d'autant plus choquantes qu'elles ont lieu à la veille" du ramadan, "mois sacré pour les musulmans".
Par ailleurs, à Deir Ezzor, 19 personnes ont été tuées par balles, la plupart touchées à la tête et à la poitrine, selon la Ligue syrienne des droits de l'Homme.
Les militants des droits de l'Homme redoutaient ces derniers jours une répression massive dans cette ville, devenue un des principaux foyers de la contestation.
Vendredi, au moins 50.000 personnes avaient défilé à Deir Ezzor pour réclamer la chute du régime, puis 300.000 avaient participé aux funérailles de civils tués au cours de rassemblement précédents, selon l'OSDH.
Dans la région de Damas, l'armée a également lancé dimanche une attaque sur la ville de Mouadhamiya, selon l'OSDH. "Les forces de sécurité et l'armée ont lancé une offensive à 05H00 du matin (02H00 GMT) à Mouadhamiya par le nord, des chars bouclant les entrées sud, est et ouest de la ville", a indiqué M. Abdel Rahmane.
Plus de 300 personnes ont été arrêtées dans cette ville, privée d'électricité et de moyens de communication, selon la Ligue syrienne des droits de l'Homme.
Par ailleurs, Abdel Karim Rihaoui, président de la Ligue, a annoncé l'arrestation samedi après-midi d’une des figures de l'opposition et chef de la plus grande tribu du pays, Nawaf Al-Bachir.
Il avait signé en 2005 avec 11 autres opposants la "Déclaration de Damas", qui réclamait des changements démocratiques en Syrie, un appel qui avait valu des peines de prison à la plupart de ses signataires.

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