La fin de partie des généraux en Turquie provoque un silence gêné en Algérie !
Le politique et le militaire, voilà une équation qui peut déterminer le bonheur et le développement d’un pays. Mais si cette équation évolue avec le temps dans plusieurs pays dans le monde, en Algérie elle demeure figée par des rapports de force inchangés depuis presque l’Indépendance.
En Algérie, l’influence persistante, et ce n’est là qu’un euphémisme, de l’armée sur la chose politique ne choque plus personne ! Grâce à une compagne menée tambour battant par une presse aux ordres et de connivence avec les cercles militaires, de nombreux Algériens ont finir par accepter l’idée de légitimer cette soumission de la politique aux militaires en échange d’une certaine paix… Ce conditionnement mental soigneusement mis en œuvre par les titres phares de la presse Algérienne a encore pris une importance accrue depuis le printemps arabe.
En effet, dès la chute des régimes tunisiens et égyptiens, le terrorisme « résiduel» refait surface en Algérie et les opérations de ratissages reprennent de plus belle avec leur lot de bavures militaires jamais élucidées. Soudainement, au moment où des jeunes Algériens tentent de se structurer pour demander plus de liberté et de dignité, on nous ressort la chanson du terrorisme qui menace encore l’Algérie ! Un terrorisme mystérieux qui a amené ainsi les autorités politiques à publier un nouveau décret- publié dans le Journal officiel du 5 juin dernier- qui redonne de larges prérogatives aux troupes militaires et place carrément sous la tutelle de l’armée tous les autres corps des services de sécurité !
Quelle audace ! En plein printemps arabe, l’Algérie se remilitarise pour faire face à des soi-disant «mouvements de subversion» ! Le clin d’œil est clair et à la place de la révolution, l’Algérie s’offre sa contre-révolution… Bien sûr, le temps passe et ce décret ne suscite aucun remous au sein de l’opinion publique qui n’a eu droit qu’à des articles élogieux de la part de la presse dite indépendante et libre sur ce sombre ajustement politique !
Fort heureusement, le cas turc s’invite dans l’actualité. A l’opposé de l’Algérie, en Turquie, l’armée a perdu sa main mise sur la vie politique turque. Intouchable pendant plusieurs décennies, elle s’amusait à déjouer les gouvernements par la force des coups d’Etat. Mais depuis 2002, un processus démocratique s’est enclenché et en 2011, les généraux perdent leur bras de fer avec le gouvernement d’Erdogan.
Fin de partie donc pour les militaires en Turquie. Ce grand évènement a été rarement commenté ces jours-ci en Algérie par la presse et les observateurs avisés. Apparemment, il était trop dur et peu convenable d’expliquer aux gens que la démocratie, c’est beau sans l’armée aux commandes. Il est certainement aussi difficile pour nos plumitifs de reconnaître que la Turquie est ce miroir sombre qui renvoie à l’Algérie sa véritable image. Et pour cause, le cas turc a prouvé enfin que sans une armée dans les casernes, point de développement, de libertés publiques et d’épanouissement. Mais en Algérie, on continue de défendre un autre modèle. Celui d’un Fast-Food géant surveillé et quadrillé par des barrages militaires dans chaque coin de rue… On comprend donc pourquoi le feuilleton turc de la démocratie provoque un silence gêné en Algérie….
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